Au dessus des herbes folles
Prise parfois dans le tourment, difficile de panser ce qui a été abimé, il arrive encore que je doive ouvrir la petite boite, que je regarde bouger et battre fragilement ce qui a été cassé, j'y pose alors mes mains sur lesquelles j'ai étalé un onguent magique, que je dépose alors sur ce coeur presque cassé, je sens la blessure sur le bout de mes doigts, la crème se faufile dans la douloureuse fissure, sous mes doigts cette fois je sens que les points de sutures se forment doucement, je repose alors dans sa boite de métal rempli de plumes généreuses, douces et colorées ce petit bout vital, il bat presque normalement, l'amertume et le goût de sel de mes paupières s'effacent doucement, je sais qu'elles seront encore là parfois, je me suis alors faite cette promesse de ne pas m'attacher, de ne pas être regardée, de ne pas donner et surtout surtout de ne pas y croire ...
J'ai encore bien du mal à ne pas voir que le flou, il restera encore pour un moment un mouvement de recul, le repli, le mensonge en filigrane...
La douleur la plus difficile est je crois celle qui me fait penser que je ne vaux pas d'être vue
Et si tu me lis, toi pauvre petit homme tout juste bon à frapper dans le dos, je ne te souhaite aucun jour heureux, je ne te souhaite pas d'être capable de grandir, je ne te souhaite pas de te sortir de tes barbelés, je ne te souhaite pas d'atteindre le haut des herbes sauvages et de voir le bleu du ciel comme moi je le vois...
"Rien ne nous rend si grand qu'une grande douleur"
Alfret de Musset